Rupture archéologique entre Bagdad et les Etats-Unis
L’Irak a décidé de rompre sa coopération avec les Etats-Unis dans le domaine archéologique. Dans un entretien donné à l’Agence France Presse, le ministre irakien du Tourisme et de l’Archéologie Liwaa Smaisim affirme que Washington n’a notamment pas rendu à Bagdad ses archives juives. La question reste une pomme de discorde entre Washington et Bagdad, qui réclame leur retour depuis des années.
Liwaa Smaisim, membre du mouvement du chef chiite Moqtada al-Sadr, connu pour son anti-américanisme, a affirmé que l’Irak utiliserait «tous les moyens» pour que ces documents lui soient remis. «Un des moyens de pression que j’ai utilisés contre les Américains est que j’ai arrêté les missions d’exploration (archéologiques) américaines.»
Une affaire prétexte
Les archives, retrouvées dans le sous-sol inondé du quartier général des services secrets à Bagdad en 2003, comprennent des rouleaux de la Torah, des textes de la loi juive, des livres d’enfants, des documents en arabe produits par des juifs irakiens et des rapports du gouvernement sur la communauté juive. L’Irak accueillait une importante communauté juive dans le passé, mais ses membres ont quitté massivement le pays après la création d’Israël et la première guerre israélo-arabe en 1948. Vu l’intérêt actuel des Irakiens pour les Israélites, l’affaire sent donc le prétexte.
Le porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis en Irak, Michael McClellen, a pour sa part indiqué que ces archives étaient «sous la garde provisoire des archives nationales américaines, la «National Archives and Records Administration (NARA)» à des fins de conservation et de numérisation.» «Le département d’Etat américain finance la phase finale du projet qui comprend une exposition éducative bilingue (anglais/arabe) du matériel, aux Etats-Unis et en Irak. Tout le matériel retournera en Irak à la fin de ce projet».
Soutiens gouvernementaux
A propos d’autres objets irakiens, Michael McClellen a indiqué que Washington œuvrait au retour de tout objet d’antiquité obtenu de manière illégale. Il a souligné que les fouilles impliquant des universités et archéologues américains avaient été menées «avec le soutien des gouvernements irakiens».
Tribune de Genève 27/06/2012
http://www.tdg.ch/culture/autres-arts/rupture-archeologique-bagdad-etatsunis/story/24168589
Mais pourquoi l’Unesco n’est-elle pas partie prenante dans ce genre de litige divisant deux pays, ce d’autant plus dans une situation comme celle de l’Irak ? Cela étant, on sait qu’il existe des milliers de sites archéologiques entre le Tigre et l’Euphrate qui est une région considérée comme l’un des berceaux de la civilisation. Et parmi ces sites, il est probable que certains soient d’une importance majeure pour le patrimoine de l’humanité. Or, les guerres qui se sont succédées en Irak n’ont guère laissé l’occasion de mener des recherches scientifiques suffisantes. Dommage que la sensibilité exprimée dans cette affaire d’archives ne se soit pas démontrée au cours de ces dernières décennies.
par C. Vuilleumier
voir également : http://horslesmurs.ning.com/video/a-quoi-ressemblaient-les
Voir également:
http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/28/quarante-sites-antiques-decouverts-en-irak_1708644_3244.html